Dhoyfati part à la conquête de son destin

C’est une jeune femme élégamment vêtue, à la démarche assurée, au regard doux et au sourire perceptible malgré le masque de protection qui s’est présentée à l’accueil de la Mission Locale. Sa conseillère référente, Coralie Coutaudier, l’a convaincue de se prêter au jeu de questions-réponses d’une interview afin d’apporter son témoignage, celui d’une jeune femme partie à la conquête de son destin.

Deux étages plus haut et après un détour demandé par le bureau de sa conseillère pour la saluer et recevoir un dernier encouragement sur la démarche entreprise, le face à face peut enfin commencer. Mise en confiance et guidée par les questions, Dhoyfati nous fait remonter dans le passé pour nous conter l’histoire de cette amoureuse de la culture espagnole qui a quitté son ile natale pour poursuivre ses études en métropole. « Vous savez, je me suis battue pour pouvoir suivre des cours d’espagnol à Mayotte ». Elle ne sait d’où lui vient cette attirance pour cette langue mais une chose est sûre, une fois l’obtention de son baccalauréat littéraire, elle n’aspirait à rien d’autre que de poursuivre ses études en licence de Langues et civilisations étrangères, option espagnol, bien entendu. Et c’est ainsi, qu’elle entreprit de traverser la moitié du globe pour entrer à l’Université de Caen.

Malheureusement, les choses ne se déroulèrent pas comme elle l’avait tant rêvé et elle dût quitter la Normandie quelques mois plus tard pour se rendre à Vichy. D’autres complications importantes se déclarèrent peu après son arrivée dans la cité thermale et l’amenèrent à devoir demander un soutien à la Mission Locale.

« Un mal pour un bien. J’étais perdue, cela m’a fait réfléchir. »

La solution d’hébergement fut réglée grâce au professionnalisme des assistantes sociales de la structure et au travail de partenariat mis en place sur notre territoire depuis de nombreuses années. De temporaire (115, logement ALT), il est devenu plus stable avec une intégration au Foyer de Jeunes Travailleurs. Enfin posée, Dhoyfati va pouvoir dorénavant se consacrer plus sereinement à son projet professionnel : aider les autres. « J’aime autant travailler avec les enfants qu’avec les personnes âgées. » Si vous lui demandez pourquoi, elle vous répondra que c’est pareil pour elle. « Ils ont autant besoin de soin et d’attention mais aussi de contact humain. Je ne me vois pas faire autre chose que cela. C’est une bonne chose je pense. » Accompagnée et conseillée par Coralie, elle va partir à la découverte des différents métiers de ce secteur d’activité.

A la suite d’un stage dans une école maternelle et face à son engouement, sa curiosité et son envie d’apprendre, le directeur lui propose de poursuivre en service civique. Le projet petite enfance est validé, elle s’inscrit alors sur un site pour passer le CAP par correspondance. Elle passera les examens en septembre 2020. En parallèle, elle explore le secteur de l’aide aux personnes âgées. Cette expérience est aussi concluante et lui ouvre les portes de la formation d’auxiliaire de vie aux familles, formation qu’elle est allée suivre à Lyon. Peu importe les allers-retours Vichy-Lyon, sa motivation est sans limite. Aujourd’hui, à peine diplômées, des propositions d’emploi s’offrent à elles. « A chaque fois que j’ai fait un stage, on m’a proposé ensuite un travail. J’ai beaucoup de chance » dit-elle modestement.

« J’ai réussi »

Aujourd’hui, Dhoyfati regarde son parcours avec beaucoup de fierté. La vie n’a pas toujours été tendre avec elle. Cette jeune femme s’est battue pour en arriver là. Elle a su prendre les devants et ne jamais baisser les bras face aux difficultés. Cette force et cette détermination qui l’animent se concrétisent aussi dans cette volonté qu’elle a de poursuivre sa soif d’évolution professionnelle. Elle envisage à moyen terme de tenter le concours d’aide-soignante et pourquoi pas ensuite celui d’infirmière. « Sans la Mission Locale, cela aurait été encore plus difficile pour moi. Je me suis relevée et reconstruite. Grâce à cela, j’ai pu aller plus loin. Je suis un peu déçue, bien sûr, de ne pas avoir pu poursuivre la fac, mais la vie m’a appris que rien n’est perdu. » En effet, si au détour des rues ou au cours de rencontres fortuites, elle est amenée à croiser des personnes qui parlent espagnol, elle n’hésite pas à échanger avec elles. 

Rédaction : Céline Faulconnier